Le cinéma a été qualifié, peu après son invention, de « Septième art ». Cela n’est pas étonnant puisqu’il fait rêver depuis maintenant plus de cent ans. Dès sa naissance, il a attiré des foules nombreuses et demeure toujours aussi populaire en ce XXIe siècle d’autant plus qu’il a conquis la télévision dès les années 1950, puis maintenant Internet.
En 1882, le Français Étienne-Jules Marey (1830-1904) fait une percée avec son fusil photographique appelé chronophotographe. En effet, celui-ci permettait à son inventeur de prendre en une seconde douze, puis vingt photographies successives d’oiseaux en plein vol. En 1889, Marey réalise les premiers films scientifiques du cinéma telle La goutte d’eau tombant dans l’encre. Marey filme le galop d’un cheval et démontre que l’animal n’a jamais les quatre fers en l’air au cours des phases d’extension et qu’il ne quitte effectivement le sol que lorsqu’il regroupe ses jambes sous lui. Cette démonstration surprend le monde scientifique. Mais la vitesse de prise de vue du chronophotographe n’est pas régulière et a le défaut d’engendrer des photogrammes de largeurs variables. Néanmoins, des historiens qualifient Marey de « père du cinéma ».
Si le cinéma a vu le jour, c’est grâce à la photographie inventée en 1825 par le Français Nicéphore Niepce (1765-1833) qui était probablement loin de se douter que ses images s’animeraient un jour pour donner naissance au cinéma. En 1888, son compatriote Louis Aimé Augustin Le Prince (1841-1890) conçoit une caméra de projection cinématographique et tourne une scène de 2,11 secondes, Scène au jardin de Roundhay, en Grande-Bretagne. En octobre de la même année, il filme des calèches, des tramways et des piétons sur le pont de Leeds à 16-20 images/seconde. Ces images n’ont pas été projetées en public parce qu’elles n’auraient pas été assez lumineuses et que le projecteur faisait un bruit d’enfer.
En 1891, l’Étasunien Thomas Alva Edison (1847-1931) présente le kinétographe, une caméra de prise de vues animées. Une roue dentée entraîne une pellicule de celluloïd à la vitesse de 40 images par seconde. Edison choisit la même vitesse de défilement pour la projection. Les résultats à l’écran sont décevants, car, pour obtenir une image brillante sur un écran, il faut impérativement la stopper pendant un bref instant devant la source lumineuse. Les films tournés ne sont pas projetés, mais regardés à travers une visionneuse appelée kinétoscope qu’il a inventée en 1889, avec son collaborateur William K. L. Dickson, en s’inspirant des travaux de Marey qu’il a rencontré plus tôt. Le film circulait en boucle devant une ampoule qui illuminait brièvement les photographies. Edison a commencé à exploiter commercialement le kinétoscope en avril 1894.
En 1892, le Français Léon Bouly (1872-1932) avait déposé le brevet d’un appareil qu’il nommait « cinématographe Bouly », puis « cinématographe » dans un autre brevet. Son invention utilisait du film non perforé. Bouly n’a pas renouvelé son brevet et Louis Lumière (1864-1948) a repris le nom de cinématographe pour son invention, mais légèrement amélioré : la pellicule était perforée pour permettre son entraînement par une roue crantée. Le 13 février 1895, les frères Auguste et Louis Lumière déposent le brevet du cinématographe, une synthèse des découvertes de leurs prédécesseurs, et effectuent une première projection privée le 22 mars : Sortie de l’usine Lumière à Lyon. Le film avait été tourné l’été précédent.
Les frères Lumière ne sont pas seuls à travailler sur la projection d’images : le 22 février 1895 à Clayton, New Jersey, États-Unis, Jean A. Le Roy, né de parents français, aurait fait une première projection publique d’images animées avec son Cinematograph. Le 1er novembre suivant, à Berlin, c’est au tour de Max von Skladanovsky de faire de même avec son Bioskop. Mais sa machine est trop lourde pour supporter la concurrence de celle des frères Lumière.
Le 28 décembre 1895, à Paris, les Lumière procèdent à une première projection publique payante qui s’avère être un immense succès. Trois mois plus tôt, à Atlanta, aux États-Unis, Armat et Jenckins avaient inventé le « phantascope », un appareil semblable au cinématographe. Or, l’appareil des frères Lumière obtenait un tel succès qu’Edison achète l’invention d’Armat et Jenckins, en difficultés financières, pour la renommer Vitascope. C’est de cette façon qu’il entend damer le pion aux frères Lumière et fait une première projection à New York le 23 avril 1896. Toutefois, le succès du cinématographe dépasse de très loin celui de son concurrent au point où le mot « cinéma » est partout adopté. Mais qui a donc inventé le cinéma ? Le Prince ? Marey ? Peut-être, mais avec au moins une quinzaine d’autres personnes.
Le 25 janvier 1896, c’est l’ouverture, à Lyon, du premier cinéma au monde. Il est suivi par celui de Londres, le 17 février suivant. L’invention balaie la planète et dès 1897, il y a déjà eu huit cent mille spectacles Lumière dans le monde.
Le 15 mai 1900, à l’exposition universelle tenue cette année-là à Paris, les frères Lumière donnent une représentation de 25 minutes du cinématographe sur un écran géant de 25 mètres sur 15 ; assistent à la projection 25 000 personnes. Le succès est énorme : 1 400 000 autres spectateurs vont voir le cinématographe géant. Trois ans plus tard, les Lumière réalisent le premier film de l’histoire en stéréoscopie, c’est-à-dire en 3D : L’Arrivée du train. À sa sortie, il suscite la panique chez les spectateurs qui croient que le train fonce véritablement sur eux !
Depuis plus de 125 ans, le cinéma sert non pas seulement à divertir les foules, mais aussi à les instruire et il a contribué à élargir nos connaissances tant culturelles que scientifiques.