Là où se trouve réuni un grand nombre de personnes, un système d’évacuation des ordures et des excréments est nécessaire. Or, il n’y a pas si longtemps, c’est-à-dire dans les années 1940, il y avait encore, dans l’ancienne ville de Hull, des toilettes extérieures appelées « bécosses », ce qui entraînait des problèmes sanitaires. Aussi, ces maisons étaient équipées de pots de chambre que l’on vidait tous les matins dans la « bécosse » domestique, ou encore dans un fossé.
2 500 ans av. J.-C., il y avait déjà des toilettes à chasse d’eau dans la vallée de l’Indus. Selon Jack Chalonner :
Chaque maison comportait des toilettes avec siège : les matières étaient emportées par un flux d’eau au long d’u n système tout-à-l’égout aux canalisations couvertes par des briques d’argile crues.
Ce système a fonctionné en Inde jusqu’en l’an 1 700 av. J.-C., c’est-à-dire tant qu’a duré la civilisation de la vallée de l’Indus. On a aussi utilisé en Égypte un système semblable qui employait l’eau courante. À Rome, on a aussi aménagé des lieux d’aisance, ce qui permettait de garder les rues propres, mais les riches préféraient les pots de chambre en pierre d’onyx que des esclaves vidaient. Les moins nantis se rendaient dans les bains publics et aux toilettes publiques qui évacuaient les excréments.
Invention de la chasse d’eau
Pendant près de mille ans (500 à 1 500 apr. J.-C.), il y a eu un déplorable laisser-aller en matière d’hygiène et les excréments étaient jetés à la rue. Dans les châteaux, on appelait les toilettes « garderobe ». C’était un tout petit réduit (gros comme un… garde-robe) dans lequel il y avait un siège troué pour y faire sa besogne. Ladite besogne disparaissait alors dans une chute menant à une ouverture sur le dehors. Si le château était construit sur le bord de l’eau, la marée se chargeait alors de nettoyer les matières fécales.
Bien qu’une ville comme Paris avait des latrines publiques, nombre de ses habitants déféquaient directement dans les rues, tandis qu’à Versailles, les courtisans faisaient leurs besoins derrière les portes, sur les balcons ou dans les jardins, sans s’en cacher. Mais les pratiques variaient entre les pays : en Angleterre, les pots de chambre étaient placés près de la table que les gens utilisaient même pendant le repas, à la vue de tous.
Selon l’historienne Évelyne Ferron :
Les ruelles étaient infectes au Moyen Âge parce qu’on attendait qu’il pleuve pour que ça se nettoie. […] Le roi anglais Henri VIII changeait régulièrement de palais lorsque la salle d’aisance – les toilettes – et le trou où s’y accumulaient les déjections humaines devenaient si nauséabonds qu’il fallait les nettoyer.
En 1596, un certain John Harrington (1560-1612), filleul de la reine d’Angleterre, Elizabeth 1re, inventait les water-closets, mais son innovation ne s’est pas imposée. Toutefois, en 1775, l’horloger Alexander Cummings (1733-1814), a perfectionné l’invention d’Harrington avec un nouveau type de toilette dont la particularité était l’ajout d’un tuyau courbé en forme de U qui agit comme siphon et empêche les odeurs de remonter. Ce ne sera toutefois pas avant les années 1860 que les toilettes modernes commenceront à s’imposer et lorsque les villes occidentales développeront un système du tout-à-l’égout moderne, ce qui ne se produira qu’à partir de 1896 à Hull. En attendant, la population de ces villes a dû subir de fréquentes épidémies de typhoïde ou de choléra causées par l’absence du traitement adéquat des déjections humaines, ce qui est toujours le lot de nombreuses villes dans le monde.
- CHALLONER, Jack, Les 1001 inventions qui ont changé le monde, Montréal, éditions du Trécarré, 2010.
- FERRON, Évelyne, La petite histoire des toilettes et de l’élimination des excréments humains, Radio-Canada, 24 juin 2018.
- PM, Audrey, 6 Choses que vous ne saviez pas sur l’histoire des toilettes, Urbania.ca.
- Wikipédia.