La machine à coudre a révolutionné les métiers de la couture, du textile et de la mode ainsi que permis le travail à domicile de millions de personnes. Rares étaient les maisons du Québec dépourvues de cette machine au cours des années 1930–1970.
C’est un certain Barthélemy Thimonnier (1793–1857) qui a l’idée d’inventer une machine à coudre en observant des ouvrières broder avec un crochet dans son atelier à Amplepuis, petite localité située près de Saint-Étienne en France. Pendant quatre ans, il travaille à mettre au point une machine en bois à point de chaînette, parce qu’elle produit uniquement des points qui présentent une série de boucles piquées les unes dans les autres comme les maillons d’une chaîne. Il atteint son but en 1830 et, l’année suivante, il ouvre un atelier de 80 machines à Paris. C’est le succès. Mais voilà, les ouvriers tailleurs ne voient pas dans la machine une aide mais une concurrente. Ils s’introduisent dans l’atelier et y brisent les machines pour ensuite forcer Thimonnier à quitter la ville.
Thimonnier ne se décourage pas et s’associe, en 1845, à Jean-Marie Magnin pour financer des brevets de perfectionnement de sa machine à coudre qui est désormais appelée « couso brodeur ». Elle coud avec un fil continu et une aiguille et brode. Elle coud environ 300 points à la minute. Bien que cette nouvelle machine remporte la médaille « première classe » à l’exposition universelle de Paris en 1855, Thimonier meurt dans la pauvreté deux ans plus tard.
C’est aux États-Unis que se font ensuite les perfectionnements de la machine de Thimonnier. En 1851, le Newyorkais Isaac Merrit Singer (1811–1875) met au point la machine à coudre moderne qui travaille sept fois plus vite qu’une couturière. Il dépose un brevet pour une machine que son concitoyen Walter Hunt (1796–1859) avait inventée avant lui, mais pour laquelle il n’avait pas déposé de brevet.
L’ère Singer
Les tailleurs newyorkais ne veulent pas plus de cette machine que les Parisiens vingt ans plus tôt. Cependant, Isaac Merrit Singer remarque que les femmes s’y intéressent, d’autant plus qu’un procès pour plagiat, largement commenté par la presse populaire, fait connaître la machine à coudre au grand public. Le procès débouche sur un accord entre constructeurs qui mettent en commun leurs brevets d’invention pour permettre une exploitation rationnelle du marché.
Pour vendre ses machines, Singer fait appel à des vendeurs qui s’installent dans la rue, font des démonstrations et prennent les adresses des gens intéressés. Il a aussi recours aux vitrines, aux publicités peintes sur les murs, aux petits cadeaux lors d’un achat, et aux cours gratuits. C’est ainsi que la machine à coudre surnommée « New Family » arrive dans les foyers à partir de 1865. En 1871, on vend pas moins de 700 000 machines à coudre aux États-Unis. Et en 1921, Singer lance la machine à coudre électrique et domine longtemps le marché avant d’être détrôné, vers l’an 2000, par la firme japonaise Juki.
Depuis son invention, la machine à coudre a permis de fabriquer beaucoup de vêtements à bon marché tout procurant aux ouvrières et aux ouvriers un salaire rémunérateur.
Collaborateur spécial : Raymond Ouimet
Sources :
Histoire de la machine à coudre, L’Atelier de la machine à coudre, Histoire de la Machine à Coudre | Du Début à Aujourd’hui (ateliermachineacoudre.com)
Bibliothèque national de France, Le blog Gallica, Histoire de la machine à coudre | Le blog de Gallica (bnf.fr)
RIVAL, Michel, Grandes inventions de l’humanité, Paris, éd, Larousse, 2005.
Illustrations
- Annonce Couso brodeur, 1855. (Gallica)
- Annonce Singer’s, 1892. (Gallica)