Source : Baromètre de l’innovation du Québec
Le Québec pourra désormais s’appuyer sur un outil de mesure de la performance de son système d’innovation. Le Baromètre de l’innovation du Québec vient d’être lancé et offrira pour la première fois un portrait de l’innovation sous toutes ses formes. L’outil interactif sera en constante évolution afin de se raffiner au fil du temps et s’appuyera sur la mise en place d’indicateurs pour mesurer l’innovation au Québec et permettre de comparer les secteurs d’activités et les régions.
« L’un des principes directeurs de la nouvelle Stratégie québécoise de recherche et d’investissement en innovation est de pouvoir évaluer en continu les interventions en innovation afin de maximiser leur impact. Sans donnée précise, on navigue à l’aveugle. Le Baromètre de l’innovation représente un outil concret qui permettra d’analyser la capacité d’innovation par région et par secteur d’activité et donner ainsi accès à des données d’aide à la décision », fait valoir Luc Sirois, innovateur en chef du Québec.
« Il n’est pas si simple de mesurer l’innovation. Les indicateurs qui permettent de faciliter l’innovation comme la création d’entreprises, le nombre d’entrepreneurs, les investissements en recherche et développement sont connus. Mais comment quantifier et qualifier les retombées et l’impact de l’innovation sur un territoire ou dans des secteurs d’activité précis? Cela n’est pas si clair encore », indique Loick-Alexandre Gautier, du Conseil de l’innovation du Québec, qui a mené la démarche avec de nombreux partenaires.
Une démarche collective
De fait, la démarche de création du Baromètre de l’innovation du Québec est conduite sur plusieurs mois et a réunis de nombreux experts de tout horizon. Réalisée en collaboration avec le ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec, elle est une initiative conjointe du Conseil de l’innovation du Québec, de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ), du Centre interuniversitaire de recherche et d’analyse des organisations (CIRANO). HUMANOV.IS, le Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable (CIRODD), l’Institut de la statistique du Québec et le Mouvement des accélérateurs d’innovation du Québec (MAIN) sont aussi parmi les partenaires.
« L’importance de mesurer la portée de nos efforts en recherche et innovation est au cœur des préoccupations de l’ADRIQ depuis des années. Nous sommes particulièrement fiers de voir apparaître une première version du Baromètre de l’innovation. C’est un effort collectif qui nous permettra enfin de nous mesurer aux meilleurs en innovation », souligne Pascal Monette, président-directeur-général de l’ADRIQ.
« Nous avons réalisé une démarche de fond qui se veut englobante et rigoureuse. Pour se faire, il a fallu repartir de la base en identifiant les enjeux auxquels nous devions faire face, comme l’accès aux données, la définition de l’innovation et la complexité des différents écosystèmes qui sont intégrés dans notre démarche », affirme Loick-Alexandre Gautier.
En premier lieu, une étude approfondie des différents classements mondiaux en innovation (Global Innovation Index, European Innovation Scoreboard, Innovation Report Card, etc.) a d’ailleurs été réalisée. Cette étude exhaustive a permis d’identifier près de 500 indicateurs qui ont été regroupés selon 12 piliers.
Ce sont finalement quatre grands thèmes qui ont été retenus pour le baromètre québécois :
- Économie
- Innovation sociale
- Changements climatiques
- Emploi et capital humain
Il s’agit de thèmes transversaux qui concernent l’ensemble des secteurs d’activité et qui sont susceptibles de témoigner de synergie entre eux et de permettre de créer de nouveaux ponts.
Mesure, évolution, comparaison et action
La construction du Baromètre s’est concentrée autour de quatre objectifs :
- la mesure : mesurer la vitalité de l’écosystème d’innovation et son efficacité, décrire les intrants qu’il consomme et extrants qu’il produit.
- l’évolution : suivre l’évolution de l’écosystème d’innovation dans sa capacité à atteindre des objectifs clairs.
- la comparaison : permettre une comparaison entre les secteurs d’activités et les régions québécoises, mais aussi avec les autres provinces canadiennes et, dans la mesure du possible, les autres pays.
- L’action : mobiliser les acteurs à travers toute la chaine d’innovation et les aider à développer des plans d’actions basés sur des données probantes.
Le développement du baromètre repose sur la capacité à mesurer, grâce à des indicateurs pertinents, l’efficacité et les retombées que génèrent les écosystèmes d’innovation. Les données obtenues devraient permettre aux décideurs publics de développer des politiques publiques qui s’appuyeront davantage sur des observations réelles et constats documentés.
« Il est important que les décideurs publics ainsi que tous les acteurs de l’écosystème québécois d’innovation puissent appuyer leurs décisions sur des données accessibles et comparables, que ce soient des indicateurs statistiques ou des données d’enquêtes auprès d’entreprises. Le CIRANO soutient l’élaboration de politiques publiques fondées sur des données probantes », affirme Nathalie de Marcellis-Warin, présidente-directrice générale du CIRANO.
Processus itératif
Les secteurs de la culture en serre et de la fabrication de meuble ont été utilisées comme projet-pilote afin de débuter le processus d’identification des indicateurs.
« Tout part du processus d’acquisition de sources d’information. Dans la mesure où des données peuvent être obtenues, l’indicateur est ensuite ajouté à un outil de visualisation. Dans le cas où il n’est pas possible d’obtenir les informations pour un indicateur, celui-ci serait maintenu et un travail serait périodiquement effectué pour vérifier si de nouvelles informations ont été rendues disponibles, ou dans quelles mesures il est possible de les obtenir », explique Loick-Alexandre Gautier.
Actuellement, il reconnaît que trop peu de données sont disponibles ou bien, elles sont très hétérogènes dans leur qualité et leur format. Un effort doit être fait à la fois par le gouvernement pour améliorer l’accès aux données et également par les différents acteurs qui génèrent des données (ex. lors de reddition de comptes ou de publication de rapports annuels) pour mutualiser l’information et permettre d’en tirer le plus d’intelligence possible, dit-il.
Le développement du baromètre sera donc un processus itératif, avec pour objectif de pouvoir le mettre à jour en continu. Il est prévu qu’il soit progressivement enrichi au fur et à mesure que pourront y être insérées de nouvelles données basées sur des informations plus granulaires sur les acteurs qui composent toute la chaine d’innovation, des informations plus locales, par secteur et par région.
Dans cette optique, le Conseil de l’innovation du Québec souhaite maintenant élargir ses partenariats afin d’accroître la quantité d’information disponible dans le baromètre.
Deux définitions importantes
Innovation:
Une innovation désigne un produit ou un processus (ou une combinaison des deux) nouveau ou amélioré qui diffère sensiblement des produits ou processus précédents d’une unité et a été mis à la disposition d’utilisateurs potentiels (produit) ou mis en œuvre par l’unité (processus).
Innovation sociale:
Une innovation sociale est une nouvelle idée, approche ou intervention, un nouveau service, un nouveau produit ou une nouvelle loi, un nouveau type d’organisation qui répond plus adéquatement et plus durablement que les solutions existantes à un besoin social bien défini, une solution qui a trouvé preneur au sein d’une institution, d’une organisation ou d’une communauté et qui produit un bénéfice mesurable pour la collectivité et non seulement pour certains individus. La portée d’une innovation sociale est transformatrice et systémique. Elle constitue, dans sa créativité inhérente, une rupture avec l’existant.